NKE Watteco, implantée à Hennebont, a été retenue par Lorient pour lui fournir des capteurs de C02. L’entreprise est spécialisée dans les objets connectés mais son développement est freiné actuellement par la pénurie de composants électroniques.

Un article de Yann Le Scornet paru dans Le Télégramme du Mardi 15 février 2022

 

Jean-Claude Le Bleis, directeur de NKE Watteco (1) n’est pas issu d’une grande école d’ingénieurs. « J’ai juste un DUT en électronique et une for­mation de commercial ». N’empê­che, ce Finistérien du sud a le sens des affaires et sait virer de bord quand les vents tournent.

Après avoir commercialisé des ther­mostats pour radiateurs et des auto­mates pour des pompes à chaleur, il a mis le cap sur l’internet des objets connectés. « Ils n’offrent que des avantages. lis sont faciles à installer. Pas besoin de tirer un câble. Ils consomment très peu d’énergie. Ils transmettent leurs données via le réseau bas débit. Leur coût d’exploi­tation est très faible. Les trois bornes que nous allons déployer pour les 200 capteurs de CO2 commandés par la Ville de Lorient coûteront 100 fois moins cher qu’une borne téléphonique ».

La crise sanitaire est pour son entre­prise une aubaine. « La pandémie a mis en lumière que la concentration de CO2 facilitait la transmission du virus ». Autre argument de vente, un brin étonnant et qui sera fort utile pour le futur : « Une étude améri­caine a révélé que les personnes réunies dans une même pièce étaient de moins en moins performantes intel­lectuellement plus la densité de CO2 augmentait…».

Implantée rue Gutenberg, à Henne­bont, NKE Watteco emploie 39 per­sonnes dont 19 ingénieurs qui conçoivent de A à Z les différents cap­teurs. Ils en existent de toute sorte et chaque modèle a sa fonction propre.

Recherche et développement internes  

Avec 25 000 articles vendus, 2021 aura été une bonne année pour la PME grâce à deux gros clients. « C’est cette année-là que nous avons décollé. Veolia, dans le cadre de sa politique de maintenance prédictive, nous a demandé de lui fournir des capteurs capables de prévenir le dys­fonctionnement de ses pompes. En termes d’économie, c’est très impor­tant pour elle. Dès qu’une de ses machines ne fonctionne plus correc­tement, elle peut intervenir avant que la panne ne survienne». La SNCF a également fait appel à ses compé­tences. « Sur la ligne TGV Paris/Mar­seille, nous avons installé pas moins de 3 000 capteurs. Leur rôle : vérifier que les grilles qui interdisent au grand gibier l’accès à la ligne restent bien fermées. Un TGV lancé à pleine vitesse qui heurte un sanglier, ça fait des dégâts ».

Pénurie de composants électroniques

À l’image de nombreuses entrepri­ses, NKE Watteco est freiné dans ses ventes par la pénurie de composants électroniques. « Des Anglais m’ont commandé 3 000 capteurs. Si j’arrive à leur en vendre 1 500, je serais con­tent. J’ai attendu le succès industriel pendant dix ans. Maintenant qu’il est là, on ne peut pas répondre à la demande, c’est frustrant », glisse Jean-Claude Le Bleis qui se veut quand même confiant pour les mois à venir.

(1) A la fin de l’année, l’entreprise ne s’appellera plus que Watteco

Bob assistant : un outil pour prévoir les pannes avant l’heure

Il y a peu de temps encore, Jean-Claude Le Bleis était à la tête de trois sociétés : NKE Marine ; NKE Instrumentation et NKE Watteco. Depuis un an et demi, il ne dirige plus que cette dernière. « Arrive un temps où il faut savoir passer le relais » lâche l’entrepreneur, sur un ton très décontracté. Le cœur de métier de la première était de concevoir des capteurs destinés à nourrir en données les pilotes automatiques et donc, à soulager les skippers engagés dans les courses au large. La seconde société, elle, continue à concentrer son activité autour de la qualité de l’eau en milieu ouvert: lacs, rivières… « Dans un passé récent, on imaginait qu’il y aurait plus de 50 milliards de capteurs dans le monde. C’était une erreur. Très vite, les spécialistes se sont rendu compte qu’il n’existait pas de logiciels assez puissants pour traiter les informations susceptibles de leur être transmis en temps réel ,,, indique le patron de NKE Watteco. D’où un ralentissement, mais pas un arrêt brutal dans le déploiement de ces instruments de mesure, appelés in fine à un bel avenir.

La guerre aux composés organiques volatiles

Leur champ d’application est en effet très vaste. Il va de la mesure des composés organiques volatiles à la maintenance prédictive. « Les COV se caractérisent par leur grande volatilité et se répandent aisément dans l’atmosphère des ateliers et des bureaux. Ce sont les colles, les peintures. Leurs impacts sur la santé des individus sont loin d’être négligeables ». Le deuxième terrain d’action se résume à la prédiction d’arrêt accidentel des machines. Nom du capteur: Bob assistant. « Il est conçu pour mesurer dans le temps les vibrations d’un appareil tournant et de détecter le moindre changement dans leur rythme. Intervenir avant la panne est source d’économie pour l’entreprise ».